Hermann et Gabrielle : Lettres du front macédonien (9)
Publié le 25 Septembre 2014
26 avril 1917 à Kapistitza
Bien chère franginette,
Quelle éternité que je n'ai plus de vos bonnes nouvelles, que devenez-vous enfin ? aurais-je le bonheur un de ces jours de vous lire ? Quant à moi chère soeurette j'ai eu trop de tracas ces derniers temps qu'il m'était tout à fait impossible de prendre la plume, je ne parle pas du cafard monstre qui m'a rongé durant ces derniers évènements. Vous ne savez surment pas que j'ai quitté le 176ème ; grâce à Dieu j'en suis détaché depuis une vingtaine de jours et croyez que ce n'est pas avec regret.
D'abord j'y ai beaucoup gagné et ensuite le nouveau colonel que nous avions bouleversait tout et n'a pas manqué d'en faire autant à mon égard et prétextant une raison banale avait trouvé moyen de me réexpédier dans mon ancienne compagnie.
Heureusement j'avais pris mes dispositions et mes chers camarades d'autrefois ne purent m'avoir auprès d'eux que vingt quatre heures au bout desquelles je partis pour être attaché auprès d'un capitaine commandant une zône neutre en macédoine. Un charmant officier qui a toujours été très gentil pour moi jusqu'à ce jour et avec lequel je serais très heureux , je crois. Vous connaissez peut-être la famille qui habite Saint Jean d'Angély. C'est Monsieur le Capitaine Ruzé.
Enfin chére franginette me voilà à mon nouveau poste et très heureux pour l'instant, j'espère que ça durera et que dorénavant on sera un peu plus assidu et fidèle à sa grande soeur. Qui sait à quoi vous avez du penser de mon silence, pas à un oubli certes car je ne pourrais oublier celle qui était venue me porter courage et consolation dans les tristes petits passages de la vie militaire en campagne.
Soyez donc certaine que la pensée de votre frérot ne vous quitte jamais et sera très heureux d'avoir souvent, bien souvent des nouvelles de sa soeurette qu'il quitte pour aujourd'hui avec ses plus affectueuses pensées.
Hermann
Kapistica 2 mai 1917
Bien chère franginette,
Quelques mots pour vous dire que le frérot, l'enfant prodigue, pense bien à vous et vous remercie infiniment pour le colis.
Votre silence me coûte beaucoup, j'espère avoir de vos nouvelles, comptez sur moi pour avoir souvent des miennes.
Vite une longue lettre et les meilleures pensées de celui qui est votre tout dévoué
Hermann
5 Juillet 1917
Bien chère frangine,
Je viens de recevoir votre carte datée du 13 juin et constate avec plaisir que vous ne m'avez pas complètement oublié.
Je comprends très bien que l'inventaire doit vous préoccuper et vous êtes excusée. Puisque nous en sommes aux excuses, je vous ferais également les miennes. Mon nouveau poste ne me laisse guère de loisirs et si je prends aujourd'hui la plume c'est un petit moment de répit qui ne m'est pas souvent accordé.
Enfin quelques mots de temps à autre en attendant que le boulot s'apaise un peu.
Amitiés toujours sincères de votre dévoué
Hermann
Voilà, la correspondance s'arrête là.........
Il me semble me rappeler qu'Hermann était rentré sain et sauf à la fin de la guerre. Je ne pense pas qu'ils se soient rencontré, Gabrielle ayant épousé Jean.
J'aime à penser qu'Hermann a pu exercer sa passion, la peinture, et qu'il est devenu un peintre connu et reconnu .............. qui sait ? Peut-être est-il devenu ce peintre qui a notamment fait la couverture de ce livre "L'Alsace" (Helene MEGRET) , et peint ces toiles ?? (ci-dessous)
Je n'ai malheureusement pas trouvé plus de renseignements sur ce peintre (Hermann Edouard WAGNER) sinon qu'il a vécu de 1894 à 1963.
A bientôt , bises